Carnets de poèmes, de paroles et de voyages intérieurs du centre pénitentiaire de Maubeuge
26 Février 2017
Dans mes rêves
Il fait jour même la nuit
Il y a sécheresse
La liberté tout court
Des étoiles me montrent le chemin de la sortie
Dans mes cauchemars
Je tombe, je tombe
Aucune sobriété
Personne n’est gentil
Aucune place pour les rêves
Dans mes mains
La tendresse attend
Pas une goutte d’eau
La guerre la guerre
Un cadeau pour toi si tu es sage
Dans mon cœur
Jamais d’ennui
Plus de place pour personne
Du silence des remords
Je ne sais pas
Dans mes yeux
Le visage de mes enfants
Aucune larme, La vie l’espoir
Des étoiles sans ciel
Une envie de crier
Dans mes souvenirs
Aucune trahison
Pas de bonheur non plus
Aucun repos jamais
Pas de tristesse juste la Street
Dans ma vie
Du monde beaucoup de monde
Aucun ennemi aucun ami
Un grand vide aussi
De l’envie du désir
Dans mes poches
Il y a mes mains
Pas de regret
Pas de chéquier
Pas de liberté elle est trouée
Dans mon esprit
Des mots sans encre
Du passé beaucoup de passé
Des souvenirs comme des oursins
De l’huile sur le feu
Dans mes pensées
La foudre est tombée
Pas de place pour mes lacets
Le grand bazar
L’amour tourne en rond
Dans ma valise
J’ai rangé du ciel
Une veste du dimanche pour ma sortie
Mes passions bien pliées
Mes clés de voiture pour partir loin très loin
Dans ma mémoire
Pas de trou noir
Pas de silence
Pas de répit
Plus d’image d’elle rien nada
Dans mes oreilles
Le bruit de la pluie sur le toit
Le tintement des clés
Un silence assourdissant
La plus grande écoute possible du monde
Dans mon regard
Il y a toi
De la fatigue
La peur de mourir
Une envie de courir loin devant
Dans les braises
Des senteurs de résine
Mes rêves entassés
Le noir de ma tristesse
Mes cendres à venir
Dans le feu
Aucun remords
Aucune pitié pour moi
La beauté des femmes
La dernière chance
Dans la brume
Le ciel tombé dans l’herbe
Les spectres de mon enfance
Plus rien à voir
Le fantôme de ma vie
Dans l’amour
Aucun manque
Pas de faux semblant
Pas de centimètre mais des sentiments
Tout ce que tu veux il suffit de vouloir
Dans mon chagrin
Il y a des oursins
La guerre est déclarée
Un loup blessé
Un enfant qui pleure dans mes bras
Dans ma joie
Pas de tempête
Pas de limite
Pas de place pour mon effroi
Aucune explication
Dans chaque homme
Il y a une femme
Une âme
Un grand silence étonné
Une souffrance à dénouer
Dans la mort
Plus de limite
Plus de temporalité
Un ailleurs peut-être
Qui ressemble à ici
Une autre vie moins pourrie
09 Février 2017