Lire ou ne pas lire en prison.
Regarder, être regardé.
Le livre tenu comme un miroir.
S'absenter ou résister.
À quoi bon les mots des autres sur mes maux ?
Se réunir autour d'une phrase, d'un livre.
Lire pour être ensemble, être avec.
Lire pour être seul ailleurs.
Renouer. Se relier ou se relire ?
Et si la lecture était une porte ouverte sur le monde, sur soi, sur une idée ?
Et si la lecture apaisait, unifiait, avivait les ressemblances ?
Et si la lecture me rendait vivant ?
Et si la lecture me plongeait à nouveau dans le grand fleuve ?
Et si avec la lecture je renouais avec mes larmes ?
Et si la lecture.
Alors on a vu les choses en grand. Changer le mobilier. La couleur sur les murs.
L'organisation intérieure du grand bateau pour le voyage de lire.
On a imaginé la forme et la sérénité d'une île pour les voyageurs immobiles.
Une boussole, des compas, de quoi s'orienter dans les tempêtes.
Ou sur l'infini des océans.
On a tracé le territoire d'une émotion à venir.
On s'est demandé comment inventé une autre façon de vivre ici,
en attendant de se réconcilier avec soi-même, avec le monde.
On a imaginé :
- Des livres qu'on lirait à voix haute pour ceux qui ne savent pas lire.
- Des livres enregistrés comme une rumeur circulant entre les murs.
- Des mots à écrire au pochoir sur le plafond et disposés comme les étoiles de la grande Ourse.
- Une grande phrase en fresque en haut du mur intérieur.
- Un globe terrestre de tous les voyages imaginaires.
- Des cadavres exquis.
- Un espace de liberté à l'intérieur de l'espace de lecture pour se parler vraiment, s'écouter, s'entendre.
Et des pages, des pages d'autres rêves qui viendront nourrir cette rubrique.